“Imposteur” en majesté et Deus Ex Machina scénique : Julien Doré s’en allait en tournée…

Auréolé de ses boucles dorées, couronné de sa golden barrette et de sa capacité surnaturelle à transformer un légume vert en symphonie : Juju is back (pour MON PLUS GRAND PLAISIR). L’Imposture n’a jamais été aussi sincère et c’est là tout le paradoxe doréen : son nouvel album aussi trouble qu’éblouissant tisse une fresque miroitante où la dérision se frotte au vertige et où chaque fausse piste devient un sentier vers l’intime. Et si le masque disait plus vrai que le visage? L’album s’ouvre sur des arrangements diaphanes, presque minimalistes, puis s’électrise doucement en un clair-obscur sonore aux allures de bal électro-métaphysique. On pense à Dalida planant au-dessus d’un dancefloor vide, à Françoise Hardy chantant sous la pluie dans une boîte de nuit des Landes, à Peter et Sloane reconvertis en astrologues new age. Les références s’entrechoquent avec la grâce d’un kaléidoscope aérien. Entre deux rires feutrés, le chanteur murmure des angoisses universelles : l’usure du masque, la peur de l’oubli, l’absurde beauté d’exister dans un monde de filtres. L’imposture devient posture, puis élégance. C’est profond, c’est pop, c’est précisément là que ça fait du bien. Le 24 mai 2025, l’« Imposteur » (2024) viendra au Zénith de Toulouse dérouler sa tracklist composée de vingt-quatre reprises comme on déplie une carte au trésor à l’envers. Julien Doré est ce Midas étrange qui transforme les doutes en diamants, les références kitsch en reliques sacrées, et la chanson française en terrain d’expérimentation poétique. Un anti-héros devenu icône, sans jamais trahir sa tendre ironie et sa générosité. Une seule crainte me taraude concernant son concert : enverra-t-il son sosie performer à sa place ? 

Il faut s’appeler Julien Doré et être une Nouvelle Star éternelle pour oser faire rimer Crocodile avec Pull marine sans déclencher un AVC dans un concours de chant. L’homme qui murmure à l’oreille des animaux et qui chante des berceuses aux courgettes nous livre un mesclun mélodique où se croisent les vestiges d’une France pop d’antan (hello Dalida ! Salut Peter et Sloane !) et les ombres moirées de nos névroses modernes. Dans cet album à la saveur de madeleine, aux effluves doudouesques :  les synthés ont le goût d’un Spritz St Germain siroté sous le Sunlight des tropiques, à bord d’un pédalo en plastique rose tandis que les mots glissent comme des Méduses mouillées sur le sable de l’intime. Juju chante l’amour comme on écrit un haïku sous Xanax, il évoque Les démons de minuit en peignoir de soie, les ruptures avec une ironie tendre, les chiens qui s’enfuient et les papas qui doutent. Toujours au bord de la farce et à fleur de falaise, Julien ne chute jamais sauf dans les eaux du Porto Vecchio. Ce génie pourrait chanter le bottin et donner envie de le lire ou encore inventer un slow pour touillettes à café et remplir un Zenith avec une aisance déconcertante. Quid de sa voix ? Soufflééeeee (aaaaaah ah), suave (mmmm), rocailleuse (graou) parfois: j’ACHETE !!! Golden Juju revient, non pas pour jouer — mais pour déjouer. Avec « Imposteur » (2024), il signe un album-sphinx, un jeu de dupes au cœur battant. C’est une œuvre en clair-obscur, où les paillettes masquent à peine les plaies, et où l’humour, feutré comme un rideau de théâtre, s’ouvre sur un abîme délicieux. La posture ? Ironique. Le fond ? Sincère. Le tout ? Brillant, comme un miroir truqué dans une fête foraine sentimentale. Vingt-quatre titres, mille visages. Imposteur se construit en strates mouvantes, entre spleen estival et mélancolie high-tech. Il y a des synthés qui dansent avec pudeur, des textes ciselés à la plume de paon et de rasoir, des clins d’œil aussi tendres que corrosifs : à Dalida qui veille, à Françoise Hardy qui soupire, aux L5 qui persistent dans les rétroviseurs de l’âme et aux Démons de minuit qui se mettent à pleurer sous les stroboscopes.

Julien Doré ne triche pas : il sublime le faux pour toucher le vrai. Et ça, ce n’est pas une imposture: c’est de l’art. Alors toi, lecteur.ice sensible ou dubitatif.ve : laisse tomber le mépris culturel, enlève ton armure snobe et viens plonger dans cette baignoire à paillettes que Julien Doré a dessinée pour nous tous.tes. Le 24 mai 2025, au Zénith de Toulouse, Julien se travestira en Dalida qui aurait survécu aux L5 et écrit une chanson sur l’astrophysique du chagrin. C’est beau, c’est bizarre, c’est Doré. Crois-moi, tu veux y être surtout si tu connais le syndrome de l’ « Imposteur ».

Besoin de rien, envie de toi, même si elles sont Cuitas les bananas

S’il y a plusieurs façons d’écrire un article, Morgane a dessiné la sienne : en écoutant l’artiste, elle écrit des mots sur une feuille blanche avant de les relier entre eux, créant un tableau littéraire pour premier élan éditorial.
Une des plus belles plumes de notre équipe dont les goûts musicaux oscillent entre peintures pop, rock, et bien d’autres teintes de genres.