Romain Alix, quand la musique devient mémoire

Il y a des chansons qui résonnent comme des souvenirs, d’autres comme des promesses. Celle de Romain Alix tient des deux.

La semaine dernière, il dévoilait un morceau profondément intime, How Lucky Am I, une déclaration d’amour pudique à son grand-père disparu, et un hommage à ces liens que même le silence ne peut effacer.

Cinq ans plus tôt, Romain perd son grand-père après un long combat contre le cancer. Deux années de lutte discrète, vécues dans le murmure et la pudeur. À l’époque, il se sent impuissant, trop jeune pour accompagner sa mère dans cette épreuve. Alors, lorsque sa grand-mère tombe malade à son tour, quelque chose change. Cette fois, il décide d’être présent. D’offrir le soutien qu’il n’avait pas su donner avant, quitte à s’y perdre un peu. De cette expérience naît une chanson empreinte de douceur et de vérité. Pour la première fois, Romain y glisse quelques mots en portugais la langue de son grand-père. Une manière sincère de renouer le dialogue, d’adresser enfin ce message resté en suspens. Ce n’est pas la perfection qu’il recherche, mais la justesse du geste. Et c’est justement ce qui la rend si belle.

Le morceau s’ouvre avec la guitare subtile de Robin Espagnet, une introduction presque chuchotée qui installe immédiatement une atmosphère suspendue. Les cordes délicates du violon de Polonie Blanchard viennent ensuite se mêler à la voix de Romain, douce, légèrement voilée, comme si elle portait le poids du souvenir. On y perçoit une sincérité brute, sans artifices, qui donne à la chanson une fragilité lumineuse. La production signée Florent Soler mise sur la sobriété : rien de trop, juste ce qu’il faut pour laisser respirer chaque mot. Sans oublier Globe Audio Mastering et Nekopolis Studio, qui signent un travail d’une finesse rare. C’est une musique de tendresse et de mémoire, une berceuse pour les absents, un refuge pour ceux qui cherchent encore à dire au revoir.

Mais c’est une image, simple et vraie, qui résume toute la portée de ce morceau : sa grand-mère, casque sur les oreilles, découvrant la chanson pour la première fois. Elle sourit, émue. Elle dit que ces notes l’aident à traverser les journées plus sombres. Et dans ce sourire, Romain comprend que tout en valait la peine. « Ce moment restera gravé en moi », confie-t-il, avec cette sincérité qu’on retrouve dans chacune de ses phrases.

Plus qu’un adieu, ce titre est un pont entre les générations. Un espace de douceur où la musique devient refuge, mémoire et guérison. Aujourd’hui, Romain partage cette chanson avec pudeur, mais aussi avec espoir. Parce qu’au fond, How Lucky Am I parle à tous ceux qui ont aimé, perdu, ou simplement besoin de se souvenir.

Amoureuse de la musique sous toutes ses formes, Angèle est à l'affût de la moindre nouveauté et aime aiguiser ses goûts musicaux éclectiques.