Silly Boy Blue fera battre le Metronum sur la partition électro-pop de l’Amour éternel

Le festival « Les femmes s’en mêlent » soufflera sur l’âme du Metronum le jeudi 30 novembre et invitera Silly Boy Blue à chanter l’universalité des sentiments dans un monde qu’elle façonne avec de l’argile sombre mais sertie d’étoiles. L’artiste « blanche comme la neige, vermeille comme le sang et noire de cheveux comme le bois d’ébène » ayant évincé la léthargie, nous embarque dans une traversée noctambule jonchée par l’audace et la liberté. Silly Boy Blue présente « Eternal love » (2023) comme un compas baroque dont l’aiguille affûtée par la patience vacillerait entre l’empouvoirement et l’amour. La signature électro-pop de ce nouvel album reste obscure mais sans gravité : la dramaturge se joue des règles et multiplie les extravagances sur fond d’introspection, ex-voto à la main et ex-périences dans le cœur.

Major Tom est à David Bowie, ce que Silly Boy Blue est à Ana Benabdelkarim : des alter egos qui leur donnent le pouvoir de briser les chaînes normées et de s’accepter sous l’œil ému de la lune. Tandis que l’auteure nous dépeignait presque frontalement ses déboires amoureux dans « Breaking songs » (2021), elle revient avec « Eternal love » composé de douze battements dont le rythme oscille entre légèreté et maturité. Silly Boy Blue croque la pomme à pleines dents et calcifie les paillettes émotionnelles dans une voie lactée dépourvue de tempo. Elle ne subit plus les histoires d’A mais les vit intensément comme une heure bleue qui s’éterniserait. Afin d’entreprendre la coulée d’encre sur les lignes et les portées, Ana décide de répondre au « London Calling » et initie une confrontation avec les méandres de son être par la solitude.  Cette désorientation assumée constituera un véritable terreau qui fera croître tempérance, romantisme et contrôle. Happée par la culture anglo-saxonne depuis toujours, la nantaise construit une œuvre en tartan nourrie par Bowie et touchée par la grâce de Camden dans une atmosphère glam rock. Son nouvel album laisse entrevoir une figure émancipée à la voix de velours qui retentit dans un cosmos amoureux du présent. Nos tympans et nos cœurs se réjouissent également des métaphores qui arpentent sereinement la nuit au camaïeu sonore polymorphe. D’autre part, l’art visuel et la mode occupent une place importante dans la construction du personnage de Silly Boy Blue : elle s’inspire aussi bien de Lady Gaga que de Tim Burton. De « Little Monster » à  Heroes, il n’y a finalement qu’un pas sur le chemin du libre arbitre et de la folie douce… Dans le clip de Sparks, Silly Boy Blue et son amant se baladent au milieu des fleurs et des forêts, à bord d’un corbillard, dans un cercueil satiné à deux places qui ose faire mentir Dalida. Cette promenade pleine de vie s’inscrit dans une romance bucolique et gothique alliant pissenlits et narcisses. Marguerite au fusil, allons faire du stop !

L’artiste nous remet les clés analytiques de son royaume théâtral fait d’amour de soi et d’amour pour les autres. Elle s’alignera sur le Metronum le jeudi 30 novembre et partagera la scène avec Joanna (R&B, électro, trap) ainsi qu’avec Suzanne Belaubre (pop électro). Enfin, Silly Boy Blue nous plongera dans une obscurité étincelante et dramatique qui chérira nos sens pour l’éternité…

Fin de l’histoire.

Morgane

S’il y a plusieurs façons d’écrire un article, Morgane a dessiné la sienne : en écoutant l’artiste, elle écrit des mots sur une feuille blanche avant de les relier entre eux, créant un tableau littéraire pour premier élan éditorial.
Une des plus belles plumes de notre équipe dont les goûts musicaux oscillent entre peintures pop, rock, et bien d’autres teintes de genres.