Interview Feràmia : “La base de la musique de Feràmia c’est le rock, des riffs lourds et puissants au service d’un chant captivant”

Feràmia crédit @remysirieix

Feràmia est l’un des 3 projets accompagnés par le Focus d’Opus en 2023 avec Galim Atias et Mélys. Si la musique transe rock bestiale du quintet transmet toute son énergie en live, le projet est tout aussi vivant en studio comme en témoigne l’album The Beast is coming. On a rencontré Ludo, trompettiste du projet, qui nous en dit un peu plus sur le groupe qui jouera au Metronum le 1er décembre 

Bonjour Feràmia ! Est-ce qu’on peut expliquer déjà votre nom ?

Feràmia ça veut dire la bête sauvage en occitan. Le nom fait référence au fait que les bêtes sont omniprésentes dans les textes de nos chansons, et qu’on joue une musique un peu sauvage, pas facile à domestiquer.

Vous jouez une musique que vous décrivez en « transe rock bestiale » : vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette couleur musicale ?

La base de la musique de Feràmia c’est le rock, des riffs lourds et puissants au service d’un chant captivant. La transe fait référence au caractère répétitif de la musique, aux passages qui se construisent sur des temps longs et aux textes souvent scandés, invitant à se perdre dans le flot musical et à entrer en transe. On a choisi d’y accoler le mot bestial, à la fois pour signifier qu’on joue une musique sauvage et “rentre dedans”, et en référence aux nombreuses bêtes issues de la mythologie occitane dont on parle dans nos chansons.

5 musiciens dans le projet : comment vous êtes-vous rencontrés, comment est né le projet ? 

Louis et Hugo jouent de la musique ensemble depuis l’adolescence. En 2015, ils ont décidé d’enregistrer un album tous les 2, avec des textes de poètes occitans du XXème siècle, quelques textes originaux, de la musique électronique et du saxophone. 

L’idée est venue ensuite de monter un groupe pour jouer cette musique en live. La formule en quintet est née en 2017. Les musiciens du projet viennent tous de la scène jazz et rock toulousaine. On s’est rencontrés dans ce milieu, soit en jam ou concert, où à la fac de musicologie jazz par laquelle certains d’entre nous sont passés. La formation actuelle est en place depuis septembre 2020, avec Antoine à la basse, le dernier arrivant dans le projet qui a apporté une couleur très rock au son du groupe.

La chanson Set Fons est une des plus efficaces qu’on ait. C’est un peu une explosion d’énergie et le public y est très réceptif

Quel titre vous conseillerez d’écouter en 1er dans votre discographie pour un auditeur qui ne vous connait pas encore ? 

Le titre the Beast is Coming est un bon début. On y retrouve beaucoup des ingrédients qui nous plaisent dans la musique de Feràmia : un chant scandé qui emporte l’auditeur.ice, un rythme entraînant, et un refrain puissant. C’est notre morceau de début de set, une invitation à rentrer dans l’univers de Feràmia. 

En parlant de discographie, vous avez dévoilé en 2021 l’album The Beast is coming. Cette bête, c’est Feràmia ? 

Cette bête est peut-être Feràmia, ou peut-être pas, elle peut être beaucoup de choses. Personne ne sait quelle forme elle a, ni si elle existe vraiment. Les gens y voient ce qui les effraie, ou ce qui les fascine, certains essaient de la suivre, d’autres la fuient.

Comment se passe la création musicale chez Féràmia. Vous partez du texte, d’une rythmique, d’une mélodie ? Racontez-nous votre processus d’écriture ! 

En général, la musique arrive avant les textes. Elle est le plus souvent composée par Hugo ou Louis, souvent composée de toute part, mais aussi quelques fois à partir de moments où on jamme ensemble en répétitions. Les textes arrivent ensuite, inspirés le plus souvent de légendes occitanes, ou de quelques phrases fortes qui seront scandées en boucle.

L’énergie qu’on entend dans ces 6 titres prend toute son ampleur en live : est-ce qu’il y a un titre que vous aimez particulièrement jouer sur scène, où cette ferveur est à son apogée ? 

La chanson Set Fons est une des plus efficaces qu’on ait. C’est un peu une explosion d’énergie et le public y est très réceptif, surtout qu’on a une choré toute particulière à lui faire faire… à découvrir en live !

Justement en parlant de scène : vous avez un souvenir marquant à nous partager ? Une date particulière que vous avez en tête ? 

Justement en parlant de Set Fons, l’été dernier nous avons fait un concert chez nos amis de La Maison Forte, un lieu génial à découvrir juste à côté d’Agen. Il y avait peu de monde, mais l’osmose avec le public était ouf. Dans le morceau Set Fons, on demande au public de se monter sur le dos les uns des autres (avec leur consentement bien sûr) et de danser, là on a eu droit à un pogo de gens qui se montaient dessus, c’était incroyable.

Feràmia crédit @remysirieix

La particularité de votre musique, c’est aussi ce chant en occitan. Et pour autant, les titres des chansons et le nom de l’enregistrement sont en anglais : pourquoi ce choix ? 

On voulait sortir de l’image que les gens ont spontanément de l’occitan. La musique qu’on joue peut s’écouter par tous types de publics et a vocation à sortir des milieux occitans (que nous apprécions beaucoup par ailleurs), pour aussi jouer sur des scènes rock, expé, indés etc… Le but est que les gens qui découvrent notre musique n’aient pas d’à priori en voyant les titres.

Avant d’être accompagné par le Focus d’Opus, vous avez bénéficié de deux autres dispositifs : Music in Tarn et Sur Mesure. Que vous ont apporté ces deux projets ?
Le Music in Tarn nous a beaucoup aidé à nous structurer au niveau associatif, et a entamé un travail scénique, que nous avons pu continuer à développer en profondeur avec Sur Mesure.

Le Focus d’Opus justement, vous le décririez comment ? Il vous apporte quoi ? 

Le Focus permet de nous questionner sur notre communication et notre image, chose toujours difficile pour les musicien.ne.s, formé.e.s à faire de la musique mais pas à ce genre de questions qui sont des métiers à part entière.

Quels sont les actus à venir pour votre projet ?

On sort le clip de Set Fons en septembre 2023, pour nous c’est ce qu’on a fait de mieux jusque-là, tant au niveau de la musique que des images !

Si demain Feràmia peut créer son festival idéal : cela se passe où et vous faites jouer qui comme artistes ?

C’est assez drôle, parce que 2 des membres de Feràmia (Ludo et Hugo) ont déjà leur festival, le Donkey Stock qui se passe en octobre à l’Asinerie d’En Manaou à Thil ! Il va sans dire que la prog est parfaite ! 😉 Sinon, s’ il fallait voir grand, on ferait bien un festival dans une grande usine désaffectée, avec des groupes de rock indé ou de la techno jusqu’au petit matin.

Quels sont les 3 projets musicaux que vous voulez faire découvrir aux lecteurs d’Opus ?
La dernière grosse claque de Live qu’on a vu c’est Psychotic Monks un groupe de post-rock noise expérimental, c’est une grosse dinguerie à tous les niveaux, musicalement, scéniquement, travail du son, implication de tou.te.s les musicien.ne.s…Sinon, on adore Tust, le groupe formé de 2 duos incontournables de la scène toulousaine : Cocanha, qui jouent des des polyphonies occitanes, et Sec, un groupe de math-rock noise stars du milieu underground. C’est frais, inattendu et ça claque !Un autre groupe qui nous a beaucoup influencés c’est Artus, des pionniers du rock occitan expérimental. Malheureusement le groupe s’est séparé depuis 2022, mais le label qu’ils ont fondé, Hart Brut est super actif avec beaucoup de projets géniaux.

Merci pour vos réponses ! On a hâte de vous retrouver sur la scène du Metronum vendredi 1er décembre avec les 2 autres projets accompagnés par le Focus d’Opus, Mélys et Galim Atias.

On a hâte tout pareil !

Feràmia crédit @remysirieix
Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus