Yelo, poète des temps modernes

Fin juin, sortait Chaos parfait, le premier album du rappeur Yelo. La pochette nous plonge instantanément dans l’univers du jeune artiste. Réalisée par celui que l’on ne présente plus sur Toulouse, Maxime Duhamel, on y retrouve Yelo entièrement habillé de noir, ganté et masqué. Il est assis seul, presque abattu. Finalement c’est une silhouette sombre et minuscule qui vient contraster avec l’immensité et la lumière dorée de l’église toulousaine.

Alors qu’il semble vouloir se fondre dans le décor, notre œil est naturellement attiré par le personnage. Malgré son jeune âge, Yelo a déjà beaucoup à partager. Dès la première phrase, on l’entend se confier à nous : “La haine, j’l’avais dans la peau, j’me suis scarifié / J’ai souffert mais maintenant mon regard est fier”. Un projet intime et authentique, qui semble avoir servi d’exutoire. Le jeune homme ne se cache pas d’avoir souffert, et il faudrait être dépourvu d’humanité pour ne pas l’entendre. Mais parfois, c’est de la douleur que sortent les plus belles œuvres… Triste à dire mais beau à chanter.

Le “chaos”, c’est la blessure que laisse une famille déchirée. Ce sont les reproches quand on ose enfin sortir des contraintes imposées par la société, ou par une culture. C’est aussi le regard des autres, le jugement que l’on nous porte quand on a enfin le courage de montrer ses faiblesses. Un combat que chacun de nous mène intérieurement, et que l’artiste chante avec justesse car oui, “les mots font plus mal que les coups”. Musicalement, cela se traduit par des compositions puissantes : les notes de piano, les variations de rythme et les silences viennent marquer la force des mots prononcés par le rappeur.

Et pour finir en beauté, l’album s’achève sur un morceau entièrement parlé. Comme un long message vocal durant lequel une voix féminine s’adresse à l’artiste. Ce sont donc 2 min 41 de vérités où l’on est invité à réfléchir et à prendre du recul sur la vie.

Sache que vouloir oublier, c’est y penser tout le temps

Donc accepte la fin de quelque-chose

Pour pouvoir en construire une autre

En espérant que cette œuvre puisse apaiser des cœurs, à commencer par ceux de ses créateurs. Un projet toulousain qui prend aux tripes, à découvrir de toute urgence.

Bénévole de l’ombre, Marlène encadre tous les sujets communication d’Opus ! Si elle nous a rejoint initialement pour la gestion du compte Instagram, elle n’hésite pas à rédiger des brèves ponctuelles, elle qui valorise aussi la scène locale avec L'Œil Toulousain.