Entretien avec Pierre de Maere, le dandy de la pop.
Notre première rencontre remonte à Toulouse au Metronum. Une élégance évidente, une voix déjà singulière, et ce magnétisme tranquille qui donne à la pop des allures d’architecture. Pierre de Maere n’était pas encore symphonique, mais il portait déjà en lui le velours des grandes scènes.
Depuis, l’artiste belge a affûté sa plume et ses césures, traversé les sphères avec Regarde-moi, et offert à la francophonie un écrin de pop audacieuse, littéraire, sensible, jamais tiède. Le voici aujourd’hui à l’aube d’un nouveau vertige : revisiter son répertoire en version symphonique, accompagné par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Un geste aussi fort que raffiné, qui sera donné les 5 et 6 juillet au Théâtre de la cité. Avant de plonger dans cette nouvelle aventure, il s’est confié avec simplicité sur sa collaboration avec Dua Lipa (These Walls), les émotions nues sur scène, le défi de création interpersonnel, et l’honneur d’unir la pop à la grandeur orchestrale. Entretien plein d’humanité et de sincérité avec un équilibriste du verbe et du tartan.
Bonjour Pierre, je te remercie de m’accorder de précieuses minutes pour répondre à mes questions.
Il parait que tu as partagé un incroyable moment hier soir (le 12 juin) à Anvers aux côtés d’une des plus grandes queens de la pop, Dua Lipa…. Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur ces instants et nous confier tes ressentis ayant jonché ces derniers, s’il te plait ?
Oui, bien sûr ! C’était incroyable, vraiment. J’ai chanté Un jour, je marierai un ange ainsi que These Walls avec Dua devant des milliers de personnes, et pourtant, tout s’est déroulé dans une sorte de clarté — presque intime. Elle a été charmante du début à la fin. Les répétitions se sont bien passées, tout coulait naturellement. Je me souviens de chaque détail. Je n’avais même pas mes lunettes, rien, et pourtant je voyais parfaitement…
Mais si l’on se réfère à Antoine de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur ». Pourrais-tu nous raconter l’histoire de votre rencontre, s’il te plait ? Comment en êtes-vous venus à collaborer ?
C’est son équipe qui m’a contacté. Ils ont adoré Un jour, je marierai un ange, et on a commencé à échanger. On a enregistré à Londres. Elle était d’un calme impressionnant, très détachée. Et moi, au contraire, j’étais sans recul, sans distance. Je vivais tout à 200 %. C’était trop bien.
Mais quelle expérience… Aussi bien sur le plan artistique qu’humain, si j’ai bien compris ?
Dua est simple, polie, très avenante. Ce que j’ai adoré, c’est qu’elle n’a jamais joué la superstar. On était dans un vrai respect mutuel. Moi, je ne suis pas grand-chose encore mais elle ne m’a jamais fait sentir ça. C’était fluide, naturel. Et ça, ce sont les meilleures relations : les plus simples.

Je ne peux qu’acquiescer… Parlons de tes projets à venir, si tu veux bien ! On me souffle dans l’oreillette que tu seras de retour dans la ville rose, les 5 et 6 juillet pour deux concerts symphoniques avec l’Orchestre National du Capitole au Théâtre de la Cité ! Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur cette croisée des chemins symphonico-pop ?
Oui, c’est la première fois que je fais ça, et je suis tellement excité… Les arrangements sont signés Corentin Apparailly, un artiste toulousain très talentueux. Il a réussi à concilier lisibilité et noblesse. Pour moi, l’efficacité n’est pas un gros mot. Et là, les morceaux prennent une dimension nouvelle, plus majestueuse, plus épique. On explore une pop plus lyrique, plus vaste. Ce qui est beau, c’est que Corentin a respecté l’ADN de chaque chanson tout en les portant plus loin. Il n’y a pas eu de frictions, pas de compromis forcés. C’était fluide, presque ludique. On a beaucoup échangé, et je trouve le résultat très fidèle à l’ambition d’origine. C’est un vrai honneur et un challenge qui me repoussera dans mes retranchements et me sortira de ma zone de confort mais le résultat sera vraiment incroyable. Cette opportunité est arrivée un peu précocement, dans mon esprit, mais ça fera le charme du concert et je suis content de relever ce joli défi ! Nous n’avons pas encore répété mais avons fait les arrangements en studio et j’ai vraiment hâte de pouvoir collaborer avec l’Orchestre.
C’est une belle audace pour l’orchestre aussi. Comment s’est initiée cette collaboration ?
C’est la ville de Toulouse qui a été moteur dans la proposition, et tout s’est aligné. Une opportunité rare, comme il en existe peu.
C’est indéniable ! Comment envisages-tu les mois qui arrivent ? Est-ce qu’un deuxième album se profile ?
Oui, je travaille dessus. Et je suis super excité. C’est l’occasion de confirmer des choses qui ne le sont pas encore. D’aller plus loin, d’affirmer ce que je suis artistiquement. J’ai envie que ce disque soit vraiment à la hauteur de mes ambitions donc je prends le temps nécessaire mais espère une sortie au printemps 2026.
Il me semble que tu es quelqu’un de perfectionniste…
Oui… mais je pense que tous ceux qui font un album le sont un peu. Un disque, c’est une œuvre qui prend du temps, qui demande une attention folle. On ne se rend pas compte de l’intensité de ce travail. Une chanson, ce n’est pas juste une voix et un texte. Il y a une infinité de détails, la production, chaque son, chaque effet… Tout est minutieux. Et tout compte même si l’écriture reste le cœur de mon art et une impulsion.
Si tu devais me citer trois moments forts de ta carrière jusqu’ici, quels seraient-ils ?
Il y en a beaucoup… mais si je devais en choisir trois… Je dirais : le concert d’hier avec Dua Lipa, le soir des Victoires de la Musique (2023) et… Mon dernier concert au Zenith de Paris, j’étais aphone juste avant et j’ai quand même réussi à honorer cette date. Un Deus Ex Machina !
Merci pour ta gentillesse et cet échange empli de richesse ! Je souhaite également te remercier de ton incroyable travail qui fait aussi bien chavirer nos cœurs que nos oreilles. Tu utilises des références incroyables et fais preuve d’une grande dextérité dans le jeu complexe des mots et des notes.
Tu me dis des jolies choses, ça me touche. Mille mercis pour tes mots et merci à toi pour cet interview !