Interview Epopée Sauvage : se fabriquer un terrain de jeu commun

Dans le milieu de l’art, où la créativité est souvent associée à une quête personnelle d’expression, émergent parfois des initiatives à contre-courant. C’est dans cette dynamique qu’est née Epopée Sauvage, une nouvelle coopérative d’artistes parmi lesquels on retrouve Zedrine, Léa Cuny-Bret ou Sans Doute Ailleurs. Chacun des membres de ce collectif apportant avec lui son univers, ses expériences, ses convictions et ses émotions. Au-delà de cette diversité réside un désir commun : celui de repousser les frontières et proposer de nouveaux horizons. Une nouvelle aventure collective, véritable épopée dans le monde sauvage de la création.

Entretien avec Nicolas Lafforgue à l’origine d’Epopée Sauvage avant leur soirée de lancement ce vendredi 16 février à la Candela à Toulouse.

Ce n’est ni un label, ni une boite de prod, ni de l’accompagnement… Epopée sauvage c’est quoi ?

Une coopérative d’artistes. Une équipe. Un bateau pirate. Une volonté de se regrouper pour mutualiser nos visibilités, nos parcours, nos envies d’un autre mode de fonctionnement. Neutraliser l’isolement des chemins artistiques. Retrouver du collectif, partager, créer. Se fabriquer un terrain de jeu commun. Entre artistes. S’aider, faire des événements communs, de la diff commune, croiser nos projets.

Epopée sauvage pourquoi ?

Évidemment c’est une référence à L’Équipée sauvage, le film de Benedek et l’épopée, le long poème qui célèbre les légendes. Et puis on trouvait ça assez classe comme nom, en vrai.

Qui peut intégrer cette coopérative artistique ? S’adresse t’elle à tous les secteurs culturels ou principalement à la musique ?

Épopée Sauvage est pluri et transdisciplinaire et solidaire. Donc elle s’adresse à toutes les formes d’art. De la musique, avec Léa Cuny-Bret, Zedrine et Sans Doute Ailleurs, mais aussi de l’illustration et du dessin avec Morgane Hamon et Roxane Rastrelli ou encore du théâtre avec La Guerre Irrationnelle. Et pour intégrer la coopérative, il faut nous contacter, on discute et on vote. Comme pour entrer en piraterie finalement.

Aujourd’hui, refuser l’ultra concurrence des propositions artistiques c’est voguer à contre courant.

En 2003, dans son livre “Portrait de l’artiste en travailleur”, Pierre-Michel Menger se représentait l’artiste comme une incarnation possible du “travailleur du futur” mettant en avant comme principale qualité requise l’hyperindividualisme, Epopée Sauvage est-elle finalement une vision romantique du secteur ?

C’est une vision romantique. Oui. Aujourd’hui, refuser l’ultra concurrence des propositions artistiques c’est voguer à contre courant. Et puis, quand on voit le parcours des artistes de la coopérative, on se dit que finalement, en marchant, en faisant attention à ne pas écraser les autres artistes, on avance plutôt pas mal. On a commencé à dessiner, chanter, jouer pour changer le monde. Pour devenir Kurt Cobain ou Batman, pas pour devenir commercial.

Selon toi, est il possible d’entretenir des liens de solidarité et intégrer des préoccupations collectives au sein d’une structure où chaque projet est animé par ses objectifs personnels ?

Absolument. Il est même obligatoire d’entretenir des liens de solidarité et d’intégrer les préoccupations collectives pour atteindre ses objectifs personnels. On appelle ça un fonctionnement démocratique. Un collectif. Ce qu’on essaie tous les cinq ans de faire en mettant un bulletin dans l’urne pour 70 millions de personnes, on essaie de le faire tous les jours pour une dizaine.

Les artistes subissent l’anonymisation des réseaux sociaux.
Ils subissent la solitude en portant leur projet à bout de bras.

Après toutes ces années à essayer de faire bouger les lignes, quelle est ta vision de la scène toulousaine ou plus généralement du milieu culturel toulousain ?

C’est désespérant. On subit à plein régime des années d’immobilisme, d’entre soi et d’abandon. Là je ne parle évidemment pas des artistes mais de la scène en tant que dynamique collective. Le milieu culturel toulousain souffre de la disparition des différents lieux de diffusion. Les artistes subissent l’anonymisation des réseaux sociaux. Ils subissent la solitude en portant leur projet à bout de bras. Et puis je ne parle même pas de la politique culturelle de la ville.

Peux tu nous présenter les projets de cette soirée de lancement ?

Donc ça se passe à la Candela, vendredi 16 février. Il y aura Zedrine et ses mots ciselés, scandés et chantés et sa musique élégante et puissante et Sans Doute Ailleurs, post rap sombre qui prend des shooters de spleen au milieu des hurlements de deux saxophones. Il y aura également les expos de Morgane Hamon, son carnet de voyage au Japon avec son petit renard candide et surpris de “Trois mois deux saisons” et Roxane Rastrelli, son stylo noir, ses yeux qui brillent et son envie de nous faire passer sa chair de poule. Pour découvrir les projets, le mieux c’est de venir ! Et pour écouter et voir tout ça avant de venir, aller sur le site: https://epopeesauvage.fr/

Comment imagines tu le futur d’Epopée Sauvage ?

Permettre à ses membres de créer dans la joie. D’avoir une visibilité saine qui pourrait délaisser les réseaux sociaux. De faire des soirées où on vient écouter de la musique, voir du théâtre, des tableaux, lire des livres. Rien de plus, et surtout, rien de moins.

Ton 1er souvenir de concert à Toulouse ?

Fun Lovin Criminals à l’ancien Bikini en 1997

Ton meilleur souvenir de live ?

Les concerts des copaines à la Dynamo.

Si tu devais résumer ton Toulouse en 1 lieu / 1 chanson / 1 personnalité ?

Un bistrot avec une terrasse au soleil, on a le choix / Diabologum et De la neige en été / Beto Marcico.

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Attaché de presse musical de métier, Julien est la plus belle plume d’Opus. Un éclectisme aussi riche que sa culture musicale !