Interview Mélys : “Mes chansons puisent leurs influences dans la nature”

Mélys est l’un des 3 projets accompagnés par le Focus d’Opus en 2023 avec Galim Atias et Feràmia. Une artiste dont la justesse vocale et la douceur folk florale ne peuvent que vous toucher ! On a posé quelques questions à la chanteuse-compositrice pour tout savoir du projet : à retrouver sur la scène du Metronum avec l’ensemble des projets Focus d’Opus vendredi 1er décembre 2023 !

Bonjour Mélys. Comment est née ton aventure personnelle avec la musique, et comment est-ce devenu ton métier ? 

J’ai été plongée dans la musique très tôt grâce à ma mère qui, comme chorégraphe, a toujours eu un lien très fort avec la musique. Mon grand-père lui aussi, pianiste et organiste, nous encourageait aussi beaucoup, mes frères et moi, à jouer d’un instrument. J’ai donc été au conservatoire en violon de mes 7 à 14 ans, puis ce système là a fini par me lasser. Chantonnant déjà à tue-tête depuis toute petite à la maison (mais jamais devant les autres), j’ai préféré aller explorer la voix.

Ce n’est que plus tard, à mes 18 ans, en arrivant à Toulouse que j’ai découvert “l’improvisation” et c’est ce qui a fait que je me suis mise à apprendre la guitare, qui, par la suite, m’a donné l’assurance pour commencer à chanter en public. Mathieu, mon ami d’enfance qui est aujourd’hui le guitariste du groupe, m’a beaucoup aidée avec l’apprentissage de cet instrument. Le reste s’est fait naturellement sur la route lors de mes voyages, en jouant dans la rue et en rencontrant d’autres musicien.ne.s qui m’ont poussée à me présenter sur scène. C’est donc en République Dominicaine et au Pérou que mes premiers concerts se sont faits. Je suis ensuite arrivée à Bruxelles, pleine d’assurance dans les souliers pour me présenter sur la scène Bruxelloise et commencer à jouer avec d’autres musicien.ne.s.

Le confinement est tombé et je suis rentrée chez ma mère dans le sud de la France avec l’envie d’enregistrer les vieilles chansons qui trainaient dans mes bagages. Après des mois de travail, d’enregistrement, de répétitions et tout le travail fourni, j’ai juste continué à travailler dans la musique sans m’arrêter. C’est un peu venu tout seul à vrai dire et cette spontanéité sans trop de réflexion est celle qui me pousse encore à continuer dans cette complexe mais si magique bulle qu’est la musique. 

“Mes chansons puisent leurs influences de la nature, et j’aime me dire que toutes ces sonorités, ces couleurs se retrouvent dans une petite fleur que le public tient dans sa tête en ressortant du concert.” 

Tu as nommé ton projet de ton propre prénom. Ca a été une hésitation ou une évidence ? 

Une hésitation puis une évidence ! C’est un prénom un peu original qui m’a été donné et petite, j’avais beaucoup de mal à l’assumer. L’identité a toujours été une chose complexe pour moi, j’avais constamment envie de ressembler aux autres, mon grand-père me surnommait “Mon Caméléon”. Aujourd’hui je porte le prénom Mélys avec fierté ; en Grec “abeille” et en Gallois “sucré”, je trouve qu’il s’associe avec mon univers musical floral, mielleux et doux. Ecrire de la musique m’a donc aidé à enlacer ce prénom 🙂

On t’a découvert avec l’EP Agua, avec une musique que tu désignes comme « folk florale » : tu peux nous en dire plus sur ce nom très poétique avec lequel tu décris ta musique ? 

Je pense que justement, en premier temps, la Folk Florale est un petit clin d’œil au nom que je porte. Deuxièmement, c’est parce qu’on retrouve beaucoup d’influences musicales dans ce projet : un peu de jazz, de la pop, des rythmes et sonorités plus latines… Mes chansons puisent leurs influences de la nature, et j’aime me dire que toutes ces sonorités, ces couleurs se retrouvent dans une petite fleur que le public tient dans sa tête en ressortant du concert. 

Dans cet Ep, tu chantes l’eau, la lune, le soleil, l’été. Mélys est tournée vers la nature ? 

J’ai grandi dans un petit hameau de 30 personnes dans le sud de la France avec la nature pour seul contour. C’était mon terrain de jeu étant enfant, et c’est encore aujourd’hui ce qui me rend la plus heureuse, c’est ce qui garde éveillée la gosse en moi. Naturellement mes premiers écrits se sont inspirés de ce qui m’a construit et entouré. Aujourd’hui j’essaie de m’en défaire petit à petit, d’aller chercher plus loin ; dans le monde citadin qui me rend encore un peu mal à l’aise, dans les émotions, les relations avec les autres. C’est comme un petit challenge personnel.

On t’entend chanter en espagnol, en anglais. En français en live aussi, et pourtant, tout est très cohérent dans tes créations. Comment se fait le choix de la langue dans ton écriture ?

J’ai grandi dans une famille où l’on parlait néerlandais, anglais et français dans une même phrase. J’ai toujours aimé apprendre des langues (comme celle de la musique d’ailleurs, qui est universelle), c’est ce qui m’a poussée à voyager pendant deux ans pour en apprendre plus. J’aime aussi me dire que chanter dans différentes langues peut rendre ma musique et mes textes compréhensibles à un maximum de personnes sur cette planète, surtout à mes ami.e.s de l’autre coté de l’océan qui m’ont poussée à me lancer dans la musique. 

Cette fusion entre l’anglais, l’espagnol et le français me mets parfois des bâtons dans les pieds parce qu’elle me sort des “cases” d’esthétiques musicales, il faut le dire… Et pourtant c’est ce qui amène beaucoup de richesse dans ma musique je trouve. J’espère ne jamais arrêter l’apprentissage de nouvelles langues et d’en faire encore des nouvelles chansons !

J’aime dire que dans ma musique on retrouve un blues de Norah Jones, un vibrato de Alice Phoebe Lou et une mélancolie de Debussy

Mon service de streaming préféré m’a proposé Alice Phoebe Lou après avoir écouté ton premier EP. C’est une artiste qui te parle ? Il y a d’autres références chez Mélys ?

J’ai découvert cette artiste au moment où  je commençais à préparer mes voyages, vers l’âge de 18 ans. J’ai beaucoup d’admiration pour cette femme qui a tout réussi par elle-même, qui a une productivité et une créativité incroyable et ses chansons m’ont aidées à grandir en tant que femme dans cette société. Elle me donne beaucoup de courage et d’espoir. 

J’aime dire que dans ma musique on retrouve un blues de Norah Jones, un vibrato de Alice Phoebe Lou et une mélancolie de Debussy. J’aime aussi associer ma musique avec des projets tels que Big Thief, Tiny Ruins, Adrianne Lenker et encore d’autres grandes femmes artistes…

D’ailleurs, en parlant de création : tu as un cheminement créatif ? D’abord la musique ? le chant ? la mélodie ?

La plupart des chansons que j’ai écrites sont des chansons qui sont venues à bout très rapidement. Si je passe trop de temps sur une même chanson, c’est que ce n’est pas “la” chanson et généralement je finis par la mettre de côté (peut-être parfois pour la reprendre plus tard). Ca venait souvent d’ailleurs par une phrase/un mot un peu “catchy” qui venait me chatouiller la tête, qui donnait naissance à une mélodie puis par la suite, des accords de guitare. Ca m’arrive aussi de commencer par la guitare, je trouve une suite d’accords qui vient caresser mon ventre et qui donne par la suite une mélodie, dans cet ordre là c’est plus compliqué de savoir sur quoi va se porter le texte de la chanson.   

Je suis en ce moment dans une phrase de transition face à ce processus créatif, je cherche d’autres outils, d’autres inspirations, d’autres méthodes. 

Un prochain EP est en cours : un premier single sortira en Novembre, le reste courant 2024. 

Le projet Mélys existe sur plusieurs formules : solo, duo, trio. Tu peux nous en dire plus sur ces formats et sur les musiciens qui t’accompagnent ?

Pour la réalisation de mon premier EP “Agua” je voulais sortir de l’univers de base guitare/voix. Lors d’une jam à Toulouse j’ai joué un de mes titres en compagnie de Pablo Giusiano à la batterie, Jules Chappert à la basse et Mathieu Lengagne (que je connaissais déjà) à la guitare, on a de suite connecté et on a bossé ensemble sur l’arrangement de cet EP.  C’était en 2021. 

Le projet a depuis beaucoup évolué et nous sommes encore en phase de recherche sonore pour nos concerts live. J’aime me dire que le projet contient plusieurs formules qui conviennent pour différents lieux, je joins cette polyvalence au plurilinguisme dans mes chansons. Ce qui tourne le plus en ce moment c’est la formule solo et duo, mais nous sommes en création et recherche pour d’autres set-up!

Est-ce qu’on a le droit de dire que tu es en pleine écriture d’un 2e EP ? On peut en dire quelques mots sur les thèmes chantés et sur les dates de sorties ?

Oui bien sûr ! Un prochain EP est en cours, il est encore en cours de création donc encore un peu secret (hehe). Un premier single sortira en Novembre !  Le reste sortira courant 2024. 

Ce prochain EP parle du fait de grandir, d’assumer la femme en soi, il parle aussi des changements dans les relations amicales, familiales, amoureuses. J’ai décidé dans cet EP de prendre un tournant un peu plus “rock” par moments, qui s’éloigne des sonorités plutôt organiques de mon premier EP “Agua”. On y mêle : ville, bêton, stress, foule, envie de liberté, de choisir par soi-même, de devenir, de partir loin dans un froid hivernal…  

Pour la session Opus, filmée avec Les incultés, tu as choisi de jouer l’un des titres de ce futur album : tu peux nous en dire plus sur ce morceau ? 

Piel est un morceau qui s’inspire des relations à distance. Il parle de ces dernières heures avant de se dire au revoir, quand on sait qu’on ne va pas se revoir avant longtemps et qu’on ne peut plus rien se dire, parce qu’on a la boule au ventre et que la douleur s’empare de nous. On voudrait déjà pouvoir se quitter là, tout de suite maintenant, mais il faut encore conduire jusqu’à la gare et regarder le paysage passer comme seule consolation…

Tu es indépendante ? Et si oui, peux-tu expliquer à nos lecteurs tout ce que cela veut dire…

Oui on peut dire que je suis indépendante. C’est à dire tout faire par soi-même. Au delà du processus de création, c’est moi qui m’occupe du booking, qui cale les répètes, les trajets, les dates, qui finance (projets, clips, photos, enregistrements, marketing digital etc), qui m’occupe de la communication, des images, du management, des tournées, de l’administratif. Enfin de tout quoi… Cette indépendance m’a permis de me rapprocher cette année de quelques pros et de remporter plusieurs tremplins donc les choses commencent à évoluer mais rien n’est encore fait. J’avoue que si je peux commencer à déléguer là-dessus ce serait pas mal !

Cette année, tu es l’une des 3 lauréats du Focus d’Opus. Comment as-tu connu le dispositif, et que t’apporte-t-il ?

J’ai connu le dispositif via internet. Il m’apporte de la visibilité, des contacts pros sur Toulouse et ses environs, du soutien, des conseils et du beau contenu pour faire ma com !

Pour la date du 1er décembre au Metronum, tu seras sous quelle formule sur scène ? C’est une date que tu attends impatiemment ? 

C’est encore en hésitation donc ce sera la surprise ! Oui carrément, j’ai hâte de jouer dans cette belle salle !

Avant le 1er décembre : quels sont les échéances de cette première partie de saison pour toi ? 

La rentrée reprend en force, je jouais au New Morning à Paris le 19 septembre dans le cadre du tremplin Seule(s) en scène, puis des dates toulousaines le 21 au Metronum dans le cadre de concerts interactifs avec des scolaires. Et à venir le 28 septembre au Keto Pub dans le cadre du off de Jazz sur son 31, le 29 septembre à la Salle Ernest Renan pour des scolaires, le 11 octobre à La Dame de Canton, le 23 novembre à l’O Bohem dans le cadre du festival Culture Bar’bars. On va aussi sortir notre single November en novembre accompagné d’un clip.

Opus est un média de découvertes musicales. Quels sont les 3 projets (locaux ou non) que tu aimerais faire écouter à nos lecteurs ?

Trois projets locaux de copain.e.s : Totun, Marell, Akou et (désolée je sais que c’est trois) Lenny Marsouin !

Et pour finir : si tu pouvais créer ton festival idéal… Sans contraintes ! Il se passe où et tu programmes qui ? 

Ce serait un festival itinérant en voilier. Il se passerait où on veut, en itinérance et dans un but de partager la scène avec des artistes locaux des pays où on ferait escale. Je programme aussi tous les potes musicien.ne.s de Toulouse et autre !

Merci Mélys ! On est ravi de t’accompagner cette année avec Opus et on a hâte de te retrouver sur scène le 1er décembre ! 

Interview & Photos : Rémy Sirieix

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus